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Accroître son soft power par le sport : l’exemple russe

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En l’espace de cinq ans, la Russie va organiser des Jeux Olympiques (2014) et une Coupe du monde de football (2018), ainsi que divers événements très médiatisés (Mondiaux d’athlétisme, course de Formule 1, etc.). Peut-on penser que cela s’inscrit dans la volonté du Président Poutine de refaire de la Russie un pôle majeur du sport mondial ?

Organiser des Jeux Olympiques d’hiver puis une Coupe du monde de football, soit deux des événements sportifs les plus importants et les plus suivis dans le monde, et cela en quatre ans, est un défi remarquable. L’exemple brésilien, en un délai deux fois plus resserré (2014-2016), et ses remous sociaux récents, est la preuve qu’être l’hôte de telles fêtes du sport coûte très cher et que les populations locales n’y sont favorables que si elles y trouvent leur compte.

On ne peut nier l’impact politique de l’organisation de tels événements, et leur récupération par le pouvoir en place. Dans une inspiration volontiers soviétique, le Président Poutine souhaite, à la manière des JO de Moscou (1980), ou, plus récemment, de ceux de Pékin (2008), montrer que la Russie sait, aussi, peser sportivement, et pas uniquement par ses résultats. Du temps de l’URSS, la compétition était féroce avec les Etats-Unis pour dominer le classement des médailles des plus grandes compétitions mondiales. Aujourd’hui, ce rôle de premier concurrent a été dévolu à la Chine, et la Russie se contente de briller dans quelques sports (comme l’athlétisme aux derniers championnats organisés… à Moscou). Bien évidemment, il est peu probable que la Russie gagne la première Coupe du monde de football organisée sur ses terres (en 2018), ou qu’un pilote russe remporte le premier Grand prix de F1 à Sotchi (vraisemblablement en 2014). Mais, à la manière d’un Qatar de plus en plus présent dans les médias (et lui aussi organisateur d’un mondial de football), la Russie sera l’épicentre du monde durant ces compétitions.

Un projet non dénué de contraintes et de critiques

Le deuxième aspect est sécuritaire. Et explique probablement l’implantation des JO d’hiver à Sotchi, dans le Caucase. Il ne s’agit que d’une ville balnéaire, au bord de la mer Noire, qui n’est en aucun cas une station de sports d’hiver historique, comme peuvent l’être, par exemple, Saint-Moritz, Courchevel, ou Vancouver. Néanmoins, le pouvoir met tout en place pour construire des infrastructures capables d’accueillir ces Jeux et de relier Sotchi, et sa région, au reste du pays. Cela n’est pas anodin. A quelques encablures de là, la Russie a livré sa dernière guerre, contre la Géorgie, en 2008. Et le Caucase russe abrite également un certain nombre de foyers terroristes (en Tchétchénie, au Daghestan) que tente de combattre Poutine depuis son premier mandat. Pour lui, ces JO seront un formidable levier de développement pour désenclaver la région, la faire croître et pour faciliter la chasse aux terroristes.

Néanmoins, la Russie s’expose aux menaces de boycott liées à certaines lois promulguées que certains pays occidentaux jugent liberticides (notamment lois anti-homosexuels). Outre les problèmes d’organisation remarqués ici et là, les médias n’ont fait écho que de cette levée de bouclier anti-Poutine pour résumer l’organisation des derniers mondiaux d’athlétisme. L’impact médiatique et populaire sera bien plus grand au moment des JO, l’an prochain, et des mondiaux de football, en 2018. Doit-on cependant s’attendre à une évolution de la part du régime ? Peu probable, tant que les diverses lois promulguées n’entrent pas en contradiction avec les lois du sport et l’esprit olympique…

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